Cas clinique: Mirka

Examens complémentaires

Pour explorer l’origine des pétéchies, des ecchymoses et de la fièvre, un bilan vectoriel (une numération formule sanguine un bilan biochimique avec les électrolytes et un SNAP 4Dx Plus) associé à une exploration de la coagulation ont été recommandés.

Résultats

Les pétéchies s’expliquaient par un trouble de l’hémostase primaire (thrombopénie confirmée par les nuages de points et le frottis). La thrombopénie, la fièvre, la lymphopénie et l’hyperglobulinémie faisaient suspecter une maladie vectorielle en premier lieu. Le SNAP 4Dx Plus s’est avéré positif pour les anticorps contre Ehrlichia canis et les anticorps contre Anaplasma (phagocytophilum ou platys). Un bilan maladie à tique du laboratoire IDEXX a été choisi pour confirmer l’existence de l’infection active et pour explorer d’autres coinfections (Babesia spp.).

Diagnostic et suivi

La PCR Ehrlichia canis sur le bilan maladie à tique était positive et confirmait ainsi une Ehrlichiose. Mirka avait même probablement une co-infection Ehrlichia canis – Anaplasma spp.

Mirka a reçu de la doxycycline à 10 mg/kg une fois par jour pendant 28 jours et l’amélioration clinique a été rapide après la mise en place du traitement. La doxycycline pendant 4, même 6 semaines, n’est pas toujours suffisante pour blanchir l’animal infecté par Ehrlichia canis mais est normalement suffisante pour traiter une Anaplasmose (doxycycline 10 mg/kg/jour pendant 14 jours). 2 semaines après l’arrêt des antibiotiques, Mirka a présenté à nouveau des saignements associés à une thrombopénie et une anémie hémolytique à médiation immune (AHMI) diagnostiquée par un test de Coombs positif. Une rechute de l’Ehrlichiose en raison de la thrombopénie a été suspectée, Mirka a été transfusée 2 fois et a été traitée de nouveau à la doxycycline. Des immunosuppresseurs (prednisolone 2 mg/kg et l’imurel 2 mg/kg) ont été associés afin de stopper l’AHMI. Depuis Mirka a très bien récupéré et est actuellement sous doxycycline et dose dégressive de corticoïdes. Une PCR Ehrlichia canis de contrôle sur cytoponction rate est envisagée après l’arrêt de la doxycycline.

Discussion

Le SNAP 4Dx Plus combine la recherche des anticorps contre Ehrlichia canis (et ewingii), Anaplasma phagocytophilum (et platys), les anticorps C6 contre Borrelia burgdorferi et les antigènes de Dirofilaria immitis.

La recherche d’anticorps est une preuve indirecte d’un agent infectieux car les anticorps ne reflètent que la réponse immunitaire. L’agent infectieux peut être présent ou avoir disparu. Lors de sérologie positive, il est donc conseillé de confirmer une infection active par PCR et/ou de faire une cinétique de sérologie quantitative pour prouver une infection.

La PCR est une preuve directe d’une infection car elle détecte l’ADN du pathogène. Elle n’est pas conseillée lors d’infections bactériennes si l’animal est déjà sous antibiotiques. Elle peut être négative, si l’agent infectieux est présent en très faible quantité (concentration fluctuante intravasculaire) ou qu’il se niche ailleurs (comme c’est décrit pour Ehrlichia canis qui peut se nicher dans la rate ou la moëlle). Seul un résultat positif permet de conclure.

Le choix de l’examen dépend du stade de l’infection, du temps de séroconversion, de la charge d’agents infectieux circulante. Il est donc conseillé de combiner et répéter ces examens. Par exemple : les symptômes d’une Ehrlichiose aigue peuvent ressembler aux symptômes d’une Ehrlichiose chronique. Mais dans l’Ehrlichiose aigue (Chien A sur le graphique ci-dessous) la PCR va être positive, la sérologie négative et dans l’Ehrlichiose chronique la PCR peut être négative (Chien C) et la sérologie va être positive.

Mirka avait probablement une co-infection Ehrlichia canis – Anaplasma spp., même si la PCR Anaplasma spp. était négative. Il est possible aussi que l’infection à Anaplasma spp. ait été antérieure à l’infection à Ehrlichia spp. et que la bactérie n’était plus présente (car la sérologie est le témoin d’une réponse immunitaire). Il est également possible qu’Anaplasma spp. ait préparé le terrain pour une infection à l’Ehrlichia canis, mais que la concentration intravasculaire fluctuante ait été insuffisante pour une détection par PCR.

Les co-infections peuvent provoquer des symptômes plus graves et peuvent être plus difficile à traiter, ce qui pourrait être la raison de la rechute sévère de Mirka. Lors d’Ehrlichiose, il est conseillé de contrôler les plaquettes 1 et 3 mois après l’arrêt du traitement, de suivre la sérologie quantitative et de faire une PCR Ehrlichia canis 1 mois après l’arrêt des antibiotiques. Dans une étude récente, la minocycline est décrite comme alternative efficace à la doxycycline pour des infections chroniques.

Rapports du patient

Bilan vectoriel
 

Numération formule sanguine 

Numération formule sanguine ProCyte Dx

Résultats Coag Dx

Bilan biochimique

SNAP 4Dx PLUS

Bilan maladie à tique du Laboratoire IDEXX